Introduction

Le sentiment de honte est une émotion complexe et profonde qui touche la perception de soi et des autres. Cette complexité engendre la nécessité de comprendre la honte, en prenant son temps dans une démarche de prendre soin de soi.

C’est un sentiment souvent caché et difficile à exprimer, mais il peut avoir un impact considérable sur le bien-être et les comportements. En tant que praticienne en Gestalt-thérapie, comprendre la honte et aider mes clients à la reconnaître et à la surmonter est crucial pour leur guérison émotionnelle.

Cet article vise à explorer ce qu’est exactement la honte, comment elle se manifeste, et ce qu’elle peut provoquer dans la vie des personnes qui la ressentent. 

Il permettra également d’offrir des pistes pour les accompagner sur le chemin de la libération de ce sentiment souvent paralysant.

Toutefois, chaque personne est unique : cette brève ne vaut donc pas une thérapie personnelle. Elle vous offre simplement des pistes de compréhension de votre monde intérieur.

Qu’est-ce que la honte ?

Ici, il s’agit de comprendre la honte pour l’accepter.

La honte est une émotion douloureuse liée à la perception d’avoir enfreint des normes sociales, morales ou personnelles, ou de ne pas être à la hauteur des attentes – que ce soit les siennes ou celles des autres.

Contrairement à la culpabilité, qui se rapporte à une action spécifique (avoir fait quelque chose de mal), la honte touche l’identité elle-même (être mal, être inadéquat).

Elle naît généralement de l’impression d’avoir été jugé négativement par les autres, ou d’avoir déçu ses propres standards.

Le sentiment de honte est souvent accompagné d’un besoin de se cacher, de disparaître, car la personne affectée ressent une forte exposition de son “imperfection”.

Les différentes formes de honte

La honte peut se manifester sous plusieurs aspects :

1. Social : la honte est alors liée à la crainte du regard des autres, à la peur de l’humiliation publique ou du rejet social.
2. Morale : un sentiment  est vécu de ne pas avoir respecté ses valeurs ou principes moraux, souvent associée à des fautes perçues.
3. Corporelle : liée à l’apparence physique ou à la perception de son propre corps comme défectueux ou inadapté.
4. Familiale ou culturelle : Ce sont les croyances liées aux origines, ou à l’histoire familiale, où la personne peut avoir l’impression de “porter la honte” de sa famille ou de son groupe d’appartenance.
5. Existentielle : sentiment profond d’être “fondamentalement défectueux”, de ne pas être digne d’amour ou de considération, indépendamment des circonstances extérieures.

Comprendre la honte dans ses  manifestations individuelles 

Il ne s’agit pas ici simplement de comprendre la honte mais d’observer ses manifestations personnelles. Si je les décris ici, c’est pour vous permettre de ne pas les  » mettre sous le tapis « , mais bien de les reconnaitre comme importantes poue vous.

Les manifestations de la honte peuvent varier d’une personne à l’autre. Cependant, vous pouvez identifier des signes :

Emotionnellement

La honte se manifeste souvent par des émotions intenses comme :

• Un sentiment de petitesse ou d’insignifiance, avec l’impression d’être “moins que rien”.
• Un malaise face aux autres, associé à une forte peur du jugement ou de l’exposition.
• Un sentiment d’inconfort intérieur, où la personne ressent une gêne constante, sans nécessairement pouvoir en identifier la source.

 Ressentis corporels  

Le corps réagit aussi à la honte, souvent de manière automatique :

• Rougeur du visage (un signe classique de l’embarras ou de la honte).
• Tension musculaire et contraction du corps, particulièrement autour du visage, des épaules et de l’abdomen.
• Évitement du regard : les personnes ressentant de la honte évitent souvent le contact visuel pour ne pas se sentir davantage exposées.

Manifestations comportementales

Le comportement des personnes honteuses peut être profondément influencé par leur sentiment d’indignité :

• Évitement social : la personne peut avoir tendance à s’isoler, à éviter les situations sociales par peur d’être jugée.
• Recherche excessive d’approbation ou perfectionnisme : certaines personnes cherchent à masquer leur honte en devenant hyper-performantes ou en essayant de répondre constamment aux attentes des autres.
• Auto-sabotage : le sentiment d’indignité peut conduire à des comportements qui nuisent à leur propre succès ou bien-être, comme un échec récurrent dans les relations ou la carrière.

Comprendre ce que la honte provoque dans la vie 

Le sentiment de honte, lorsqu’il est répété ou chronique, peut entraîner des répercussions considérables dans la vie quotidienne et émotionnelle des individus.

Estime de soi

La honte peut éroder l’estime de soi et créer un sentiment d’indignité ou de ne jamais être “assez bien”. Les personnes en proie à la honte peuvent se percevoir comme fondamentalement défectueuses, ce qui altère leur capacité à s’aimer et à s’accepter.

Difficultés relationnelles

Comprendre la honte consiste aussi à reconnaitre ce qu’elle crée comme barrières dans les relations interpersonnelles. Les personnes ont peur d’être authentiques par crainte d’être jugés ou rejetés. Cela peut entraîner :

• Des relations superficielles ou marquées par une manque de confiance.
• Un isolement social ou affectif.
• Des comportements de compensation, comme le perfectionnisme ou l’hypervigilance, qui finissent par épuiser les ressources émotionnelles.

Difficultés émotionnelles

La honte est souvent à l’origine de troubles émotionnels plus larges tels que :

• La dépression : un sentiment de désespoir et d’inutilité peut découler de la honte non résolue.
• L’anxiété sociale : la peur constante d’être exposé ou jugé conduit à des comportements d’évitement social.
• Des comportements addictifs ou d’automutilation : certaines personnes tentent de noyer leur honte dans des dépendances (alcool, drogues, alimentation) ou en s’infligeant de la douleur physique pour échapper à la souffrance émotionnelle.

Impact sur la carrière et la vie sociale

Comprendre la honte comme étant un frein à la réalisation personnelle et professionnelle. C’est-à-dire que les personnes honteuses peuvent avoir tendance à :

• Se sous-estimer, ne pas oser se lancer dans des projets ambitieux par peur de l’échec ou du ridicule.
• Refuser les compliments ou les promotions en raison d’un sentiment d’indignité.
• Saboter leurs propres efforts par une attitude d’auto-dévalorisation.

Quels sont les moyens de dépasser la honte ?

Pourquoi se faire aider par un professionnel permet de mieux comprendre la honte  ?

La honte est une émotion profondément enracinée, mais avec un travail thérapeutique adapté, il est possible de vous aider à vous en libérer.

D’expérience, je sais que la honte est trop confrontante pour pouvoir l’accepter puis la transformer  » tout seul dans son coin « .

Voici ce que nous pouvons être aménées à faire ensemble pour faciliter votre processus de guérison :

Reconnaître la honte

La première étape est d’identifier et reconnaître sa honte.

Cette émotion est souvent cachée sous d’autres émotions comme la colère ou la tristesse.

En Gestalt-thérapie, j’encourage la personne à mettre des mots sur ce qu’elle ressent : cela l’aide à prendre conscience de l’origine de sa souffrance.

L’ espace sécurisé de la thérapie

Le cadre thérapeutique bienveillant est un espace où la personne se sent suffisamment en sécurité pour exprimer ses émotions sans jugement.

Un environnement de confiance permet à mon client de commencer à dévoiler sa vulnérabilité et à se reconnecter à ses émotions.

Cet espace est extrêmement rare et j’en prends tout particulièrement soin. Prendre du temps pour se déposer, parler de soi et pouvoir vivre ses émotions sans retenu est précieux et riche. Seulement, l’espace thérapeutique permet cela.

Contrairement à un partage avec un proche, parent ou ami, la rencontre thérapeutique avec le Gestalt-praticien n’expose à aucun jugement, aucune étiquette …

Travailler sur l’estime de soi

Beaucoup de personnes touchées par la honte ont une image d’elles-mêmes altérée. Le travail thérapeutique consiste à aider à reconstruire l’estime de soi, à reconnaître leur valeur intrinsèque, indépendamment des erreurs ou des imperfections perçues.

Explorer les croyances sous-jacentes

La honte est souvent alimentée par des croyances négatives sur soi-même (“Je ne suis pas assez bien”, “Je ne mérite pas d’être aimé”).

Le travail thérapeutique peut consister à explorer et déconstruire ces croyances limitantes, en aidant la personne à les remplacer par des pensées plus positives et réalistes.

Favoriser l’expression émotionnelle

Encourager mes clients à exprimer leur honte de manière constructive (par la parole, le corps ou d’autres moyens) peut libérer l’énergie émotionnelle qui était bloquée.

En Gestalt-thérapie, par exemple, l’expression corporelle des émotions refoulées est un levier puissant pour sortir des schémas d’auto-dévalorisation.

Favoriser la compassion de soi

Je vous encourage dans une attitude de compassion envers vous-même. Cela inclut l’apprentissage du pardon de soi, et la reconnaissance que l’erreur ou l’imperfection est humaine. 

Conclusion sur le sentiment de honte

Comprendre la honte est complexe parce que pour la comprendre, il faut se permettre de la ressentir, de l’éprouver : cela est souvent difficile parce que nous ne sommes pas faits pour souffrir.

Le sentiment de honte, bien qu’il soit universel, peut avoir des conséquences profondes sur l’identité, les relations, et le bien-être émotionnel. Il est essentiel de reconnaître l’impact de cette émotion.

J’accompagne les personnes dans ce besoin et dans leur cheminement vers la compréhension, la reconnexion et la guérison

Catherine Coker, Gestalt-praticienne